Plainte sur le même sujet (01)
Plainte sur le même sujet
(Sur la perte de sa mère)
Quand l'Aurore
Le ciel dore,
L'eau colore
Nous fait voir nos champs fleurir,
Languissante
Palissante
Je lamente
Celle que j'ai vu mourir.
Quand le somme
Endort l'homme
Mon oeil somme
Et fait Morphée courir,
Je soupire
Mon martyre,
Et désire
De pouvoir bientôt mourir.
Mort amère,
Qui ma Mère
A moi chère
Devant mes yeux vins férir,
Sois-moi douce
Ton dard pousse
De ton pouce
Pour me faire tôt mourir.
Chère terre
Sur quoi j'erre
Mon corps serre
Dans ton sein pour le chérir,
Viens le prendre,
Viens le rendre
Tout en cendre
Me faisant soudain mourir.
Toi claire Onde
Par le Monde
Vagabonde
Qu'on ne vit jamais tarir,
Thétis souffre
Qu'en ton gouffre
Moi qui souffre
Puisse en peu de temps mourir.
Brillant foudre
Fais dissoudre
Tout en poudre
Mon corps qu'on voit dépérir,
Ores cesse
La tristesse
Qui m'oppresse
Me faisant bientôt mourir.
Doux Zéphire
Que j'attire
Et respire,
Bon air qui nous viens nourrir,
Vois ma peine,
Rends malsaine
Ton Haleine
Et me fais seule mourir.
O parole
par trop folle,
Quelle école
M'apprit d'ainsi discourir?
Aucun être
Sans son Maître
Ne fait naître
Et ne peut faire mourir.
O Dieu Juste
Tout auguste,
Viens robuste,
Bon Seigneur, me secourir,
Moi pauvrette
Qui souhaite,
Et m'apprête
De pouvoir en toi mourir.
Ma pauvre âme
Qui se pâme
Te réclame,
Tu peux tous ses maux guérir.
Viens à celle
Qui t'appelle,
Et fidèle
Veut pour toi vivre et mourir.