Anne-de-Rohan

Anne-de-Rohan

Dialogue sur: Or nous dites, Marie, par la même dame qui répond à celui pour lequel elle avait fait les vers ci-dessus.

Dialogue sur:

"Or nous dites, Marie",

par la même dame qui répond à celui pour lequel elle avait fait les vers ci-dessus.

 

Or, nous dites, ma belle,
Que direz-vous de moi,
Qui d'un amour fidelle
Vous ay donné ma foy?

Je diray que vous estes
Fleur de discrétion;
Pourquoi je ne souhaite
Que vostre affection

Dites-moy si c'est rage
Ou bien contagion
Qui vous porte au servage
De la religion?

Ce n'est ny l'un ny l'autre,
C'est la dévotion
Qui me rendra toute autre
Que ma condition.

Dites-moy si l'absence
Ne vous a point porté
Au péché d'inconstance
Ou de légereté?

Non, non, je la déteste
Et si fort je la fuis,
Que je jure et proteste
Que point je ne la suis.

Dites-moi si vostre ame
Aurait plus de raison
De contenter ma flamme
Qu'entrer en oraison?

C'est bien vray que mon ame
N'est point sans passion
Quand je reçois la palme
De vostre affection.

Dites-moy si c'est feinte
On bien par amitié
Que vous serez contrainte
D'avoir de moy pitié?

Las ! j'ai trop de constance
Et trop de vérité
Pour faire aucune offense
A vostre intégrité.

Dites-moy si mes larmes
Pourroient vous esmouvoir
A user d'autres charmes
Que ceux de mon devoir?

Il n'est besoin de larmes
Pour contanter mon cœur,
Vous avez prou de charmes
Qui plaisent à mon humeur.

Serez-vous point atteinte
D'appaiser vos rigueurs
Et d'un amour conjointe
Adoussir mes douleurs?

Je seray toujours preste
De contenter vos vœux
Pourvu qu'ils vous arreste (sic)
D'un cœur dévotieux.

Il sera très-facile
A mon affection
De prendre pour asille
Vostre dévotion.

Je me dis trop heureuse
D'avoir peu acquérir
Les graces désireuses
Pour qui je veux mourir.



13/12/2012
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